Description des pêcheries de crabe dans la région d'Ambanja - Ambilobe
- Les pêcheurs de crabe de la région de d’Ambanja – Ambilobe
La pêche de crabe de mangrove n’est pas la principale source de revenus de la région. De nombreuses autres filières comme la crevette ou le poisson sont préférentiellement exploités par les communautés de pêcheurs de la région. La pêche est une activité masculine mais l’ensemble d’un foyer peu participer à l’activité.
- Techniques de pêches au crabe utilisées
 | La pêche au crochet
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 | La pêche à la ligne
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 | La pêche à la raquette
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Le Suivi des pêcheries d'Ambanja - Ambilobe
- Sélection des sites de suivi des pêcheries
Suite à la réunion du GT « CRABE-BATAN », un premier suivi est mis en place sur la région d’Ambanja-Ambilobe. Il est constaté que plusieurs villages entrent dans le suivi d’ors et déjà mis en place par les ONG locaux , à savoir le Blue Ventures et le WWF.
La stratégie de CORECRABE vise à venir en compléments des acteurs locaux présent depuis plusieurs années. Ainsi il s’avère peu judicieux de mettre en place un suivi auprès de village déjà intégré dans un des suivis locaux.
Parmi l’ensemble des villages visités dans le cadre de l’enquête socio-économique du CERED, le village d’Ankotika a été retenu pour installer le premier suivi des captures du projet. Par le biais du RENAFEP-MADAGASCAR, une enquêtrice est affiliée au village et est en charge de la collecte de données auprès des pêcheurs et de collecter des fiches d’enquêtes auprès des acteurs volontaires du suivi (pêcheurs et sous-collecteur).
- Nombres d’enquêtes réalisées
Le tableau ci-dessous rassemble l’ensemble des enquêtes réalisées sur la région (dernière mise à jour le 13/01/2022) :
Suivi des pêcheries villageoises sur la zone 1 – BATAN
| Village | Enquêtes N°1 | Enquêtes N°2 « Pêcheur » | Enquêtes N°3 « Acheteur » | Total par village |
|---|---|---|---|---|
| Ankotika | 339 | 341 | 424 | 1104 |
| Antsahampano | NA | NA | NA | Na |
| Ambolikapika | NA | NA | NA | Na |
| Total par type d’enquête | 339 | 341 | 424 | 1104 |
Les réunions du GT "CRABE-BATAN"
- Création du Groupe de Travail « CRABE-BATAN »
Le Groupe de travail « Gestion et gouvernance de la filière du crabe de mangrove dans la zone d’Ambanja-Ambilobe » (ou GT CRABE-BATAN) cible la pêcherie et la filière au niveau de la côte ouest de la région Diana. Pour protéger la diversité et la richesse de la région et faire face à la dégradation des habitats ; à l’insécurité des faibles revenus des communautés locales et du faible suivis des ressources halieutique, la zone a fait l’objet d’un plan d’aménagement des pêcheries (PAP BATAN) depuis 2017 (Arrêté ministériel N°14191/2017/MRHP du 9 juin 2017). La mise en place du PAP s’est fait en étroite collaboration avec les fédérations de pêcheurs et les différentes ONG présentes : Blue Venture, WCS et WWF. Elle représente une superficie de 13 950 km² et couvre les Baies d’Ambaro, de Tsimipaika, d’Ampasindava et l’Archipel de Nosy Be. Le PAP inclue la pêcherie de crabe de mangrove, d’où le nom proposé pour le GT « BATAN-CRABE ». Le GT CRABE-BATAN intervient notamment en appui à la création d’une plateforme de cogestion de la filière crabe par le programme SWIOFISH2 du MAEP dans la région nord-ouest de Madagascar. Cette plateforme de concertation vise à rassembler les acteurs de la filière crabe : acteurs directs (pêcheurs, mareyeurs, collecteurs, exportateurs) et indirects (Région, communes, services techniques, projets de développement et organisations de recherche).
- Organisation du GT
Il est proposé que le GT BATAN-CRABE fonctionne par des réunions successives de 2020 à 2023, avec une organisation de travail qui suit la démarche de recherche-action prônée par CORECRABE comme illustré dans la présentation ci-dessous:
Le lancement du GT CRABE-BATAN a été effectué le 6 novembre 2020 à Ambanja, co-organisé avec le programme SWIOFISH2 et à l’invitation de la Préfecture de la région Atsiranana. Cette première réunion du GT visait spécifiquement les étapes de Diagnostic et de Planification.
- Objectifs spécifiques du 1er GT « CRABE-BATAN »
Les objectifs spécifiques de ce premier atelier du GT « CRABE-BATAN » sont:
- Composer un premier collectif de représentants des parties prenantes de la filière crabe dans la zone d’Ambanja-Ambilobe
- Initier la démarche de modélisation d’accompagnement et obtenir l’adhésion du collectif
- Co-construire avec ce collectif un premier modèle conceptuel de la filière crabe dans la zone lors d’un atelier de diagnostic (appelé ADIAG)
- Réfléchir conjointement sur des complémentarités et synergies entre les actions du projet CORECRABE et d’autres interventions, dont les actions programmées et potentielles du projet SWIOFish2. Des opportunités de collaboration et d’action concrètes sont identifiées, pour compléter et renforcer les activités le long de la filière crabe de mangrove.
- Résultats et conclusions du 1er GT « CRABE-BATAN »
Les premiers retours des participants ont été positifs. Les participants ont déclaré être satisfaits de la démarche engagée et intéressés par une collaboration plus approfondie avec les projets SWIOFish2 et CORECRABE dans le cadre du Groupe de Travail créé à cette occasion, notamment pour suivre la mise en œuvre des actions par rapport aux problèmes identifiés. A la suite de cette première expérience jugée réussi, une meilleure proximité entre les équipes de ces deux projets sera cependant utile pour mettre en œuvre en pratique les synergies exposées. Il a été formulés durant l’atelier, plusieurs recommandations pour l’amélioration du fonctionnement et de la performance socioéconomique et écologique de la filière dans la zone:
- Fermeture nationale de la pêche: la saison de fermeture de la pêche ne devrait pas être fixée de manière aussi brutale/rapide que cette année 2020 et recommande de définir une saison fixe.
- Non-respect de la réglementation de la pêche sur la taille minimale de 11 cm de largeur de céphalothorax: le GT souligne que le contrôle du respect des tailles de capture devrait être effectués auprès des petits et gros sous-collecteurs par les agents du Centre de Surveillance des Pêches (CSP) du MAEP.
- Prix d’achat des crabes: Le prix d’achat des sociétés de collecte est jugé insuffisant par les pêcheurs et les mareyeurs/petits collecteurs, compte tenu de la valeur ajoutée des crabes vivants : le GT propose de réfléchir à un « prix acceptable » pour définir un prix minimum (mais pouvant augmenter en fonction du marché, de la taille des crabes, etc.). Une étude de la distribution de la rente dans la filière est approuvée pour apporter des éléments sur cette question.
- Engins et techniques de pêche: Actuellement la pêche à la balance (garygary) est promue par les ONGs et le projet SWIOFish2 dans la zone BATAN, afin d’améliorer la valeur ajoutée des crabes sur le marché d’export. L’interdiction de la pêche au crochet par le décret de création du PAP-BATAN en 2017 n’est en outre pas mise en œuvre dans les faits : le constat montre qu’elle reste très majoritaire dans certains villages. Certains participants ont ainsi demandé une révision de l’arrêté du PAP BATAN pour supprimer cette interdiction qui les place dans l’illégalité. Le GT pose la question d’une étude sur la sélectivité et l’impact des deux pratiques (pêche au crochet et balances) pour améliorer les pratiques de pêche et diminuer les mauvaises pratiques par une meilleure sensibilisation des pêcheurs.
L’ensemble des détails de ce premier GT « CRABE-BATAN » est disponible en téléchargeant le compte-rendu « ici« .
- Poursuite des réunions du GT « CRABE-BATAN »
Conformément au processus de recherche-action prôné par le projet, une nouvelle réunion du Groupe de Travail « Gestion et gouvernance de la filière du crabe de mangrove dans la zone d’Ambanja-Ambilobe » (ou GT CRABE-BATAN) a été organisé le 16 juillet 2021 à Ambanja.
- Objectifs spécifiques du 2ème GT « CRABE-BATAN »
Les objectifs spécifiques de ce premier atelier du GT « CRABE-BATAN » sont:
- Présenter les résultats d’évaluation de la pêcherie et de la filière du crabe de mangrove dans la zone BATAN à travers les activités du projet CORECRABE de décembre 2020 à mai 2021 ;
- Discuter les résultats avec les membres du GT en relation avec les objectifs du PAP BATAN et les recommandations effectuées lors de la première réunion du GT ;
- Présenter le cadre collaboratif national pour le diagnostic de la filière ;
- Définir les actions prioritaires à venir du projet CORECRABE dans la zone BATAN en lien avec les autres projets de développement.
- Résultats et conclusions du 2ème GT « CRABE-BATAN »
La seconde réunion du GT BATAN réalisée à Ambanja a été riche et fructueuse. Les invités ont librement échangé sur les différents sujets abordés et ont montré une volonté de collaboration sur les suites à donner à l’atelier. Tous les types d’acteurs concernés par la filière crabe ont été bien représentés et cette réunion a permis de mener des échanges entre les pêcheurs, les collecteurs, les sociétés civiles et les autorités/services publics. Durant les échanges entre les participants, de nombreuses idées, des remarques et des recommandations ont été produites. Ces recommandations sont articulées sur deux grands points : a) des recommandations pour améliorer la gestion et la gouvernance de la filière crabe et b) des recommandations pour améliorer le fonctionnement du GT.
- Réagir en pratique pour changer effectivement les comportements des pêcheurs : On constate un nombre de plus en plus important des petits crabes dans les captures. Il est important d’agir depuis le 1er maillon de la filière crabe (la pêche) afin d’améliorer la gestion des ressources, tout en faisant du lien avec les autres maillons (acheteurs, etc.)
- Contrôler les mareyeurs et les collecteurs : Ces acteurs sont considérés comme responsables de l’incitation des pêcheurs à capturer des crabes sans distinction de taille. La responsabilité du contrôle revient au Ministère chargé de la pêche (MPEB), relayé par les CSP et puis à la Commune à travers les barrières économiques posées sur les routes nationales. Il est attendu qu’un état des lieux des contrôles et infractions puisse être établi pour suivre l’action du CSP à ce sujet.
- Sensibiliser les pêcheurs, mareyeurs et collecteurs : L’activité de contrôle doit être accompagnée de sensibilisation avec des outils et supports adéquats. Les comportements inappropriés pourraient être ainsi réduits sans pour autant résoudre le problème.
- Limiter/arrêter le commerce du crabe vivant : Les acteurs de la filière témoignent de la complaisance des sociétés étrangères à collecter des produits en dessous de la taille légale de capture. Ainsi, la limitation ou voire la suspension de l’exportation des crabes vivants serait une des options pour limiter l’exploitation des petits crabes.
- Instaurer un quota par permis de collecte et augmenter la transparence : Malgré la limitation du poids total de capture annuelle (PTCA) à 5 000t et à l’adoption de la TECMA à 4 250t par le Ministère chargé de la pêche après l’atelier national portant sur la gestion du crabe de mangrove, réalisé à Antsohihy en 2019, l’attribution des quotas d’exportation de crabes vivants et congelés reste floue et non transparente vis-à-vis des opérateurs. Ainsi, les acteurs de la filière souhaitent à ce qu’on applique d’une manière effective cette limitation des quantités par opérateur et que ces éléments soient communiqués.
- Interdire l’utilisation du crochet ? : L’étude réalisée par Smartfish qui montre que l’utilisation de cet engin détruit les mangroves est à vérifier. Les premiers résultats de CORECRABE montre une puissance plus élevée des balances (garigary). De plus, il est important de renforcer la sensibilisation pour une bonne pratique de la pêche au crochet (à travers des organismes intervenants, etc.). La vulgarisation des balances possède des limites au niveau de certains villages où leur utilisation n’est pas possible en raison de la morphologie des zones de mangroves (exemples d’Antsahampano et d’Ankazomahity).
- Réaliser une étude de sélectivité des engins construits : L’initiative des communautés des pêcheurs du village d’Antsatrana sur la limitation du nombre de balances n’est pas fondée sur une étude rigoureuse. Le GT souhaite que soit menée une étude sur la sélectivité des engins afin de pouvoir proposer un maillage respectant la taille réglementaire des crabes et renforcer l’état d’esprit à la remise des petits crabes dans l’eau. Cette étude permettrait également de justifier et de proposer une limitation sur le nombre d’engins par pêcheur. Elle sera réalisée à Antsatrana, avec l’appui de SWIOFISH2.
- Définir un « prix juste » et plus élevé qu’actuellement ? : Les résultats sur la dynamique de la filière et des prix (système ouvert) montrent qu’il n’existe pas de régulation de l’effort de pêche mis en œuvre au niveau des villages (nombre des pêcheurs, puissance et nombre d’engins utilisés, etc.). Une augmentation du prix entraîne par conséquent une augmentation de la pression de pêche sur les ressources, et plus l’augmentation de prix sera forte, plus la pêche du crabe attirera de nouveaux pêcheurs de la zone : est-ce que cette augmentation de la pression de pêche ne risque donc pas au final de se retourner contre les pêcheurs actuels en diminuant fortement les ressources ? La définition d’un prix plus élevé paraît difficile : la bonne connaissance des effets des mesures de gestion (limitation des permis, attribution de quotas, …) sur cet équilibre est indispensable avant de pouvoir proposer un prix plancher plus élevé qu’aujourd’hui. Cependant, l’étude sur le partage de la valeur ajoutée en partenariat avec l’OEPA permettra d’apporter des éléments sur ce que serait un prix juste pour les pêcheurs (c’est à dire ce que serait une juste rémunération pour les pêcheurs au regard de la valeur du crabe aux différentes étapes de la filière), afin d’augmenter leurs revenus sans porter préjudice aux ressources.
- Poursuivre le projet de convention de collaboration sur le suivi des pêcheries : Cette convention permettra aux intervenants de la pêcherie du crabe de développer une meilleure collaboration tant sur les actions de suivi régulier des activités de pêche au niveau des différentes zones mais également de pouvoir mutualiser les moyens et besoins : ainsi l’état des ressources et l’évolution des pratiques de pêche seront mieux connus, ce qui permettra aux acteurs de prendre des décisions en connaissance de cause. L’équipe du projet CORECRABE propose d’intervenir en tant que catalyseur et que le Ministère dirige la démarche du rassemblement de ces acteurs.
L’ensemble des détails de ce deuxième GT « CRABE-BATAN » est disponible en téléchargeant le compte-rendu « ici« .